L'IDYLLE RUE PLUMET
ET L'ÉPOPÉE RUE SAINT-DENIS
LIVRE PREMIER—QUELQUES PAGES D'HISTOIRE
L'un tirait de dessous sa blouse et remettait à l'autre un pistolet. Au moment de le lui remettre il s'apercevait que la transpiration de sa poitrine avait communiqué quelque, humidité à la poudre. Il amorçait le pistolet et ajoutaitde la poudre à celle qui était déjà dans le bassinet. Puis les deux hommes se quittaient.
LIVRE DEUXIÈME-ÉPONINE
Le lendemain, dès sept heures du matin, Marius revint à la masure, paya le terme et ce qu'il devait à mame Bougon, fit charger sur une charrette à bras ses livres, son lit, sa table, sa commode et ses deux chaises, et s'en alla sans laisser son adresse, ...
Le passant répondit: - C'est le champ de l'Alouette.
facile, eût pu répondre une syllabe, cet être, dont les mouvements avaient dansl'obscurité une sorte de brusquerie bizarre, avait décroché la chaîne, plongé et retiré le seau, et rempli l'arrosoir, et le bonhomme voyait cette apparition qui avait les pieds nus et une jupe en guenilles courir dans les plates-bandes en distribuant la vie autour d'elle.
LIVRE TROISIÈME-LA MAISON DE LA RUE PLUMET
LA MAISON A SECRET
LA ROSE S'APERÇOIT QU'ELLE EST UNE MACHINE DE GUERRE
....s'il leur arrivait de descendre du haquet et de marcher, étaient saisis par une sorte d'unité inexorable
et devaient serpenter sur le sol avec la chaîne pour vertèbre à peu près comme le mille-pieds. A l'avant et à l'arrière de chaque voiture, deux hommes, armés de fusils, se tenaient debout, ayant chacun une des extrémités de la chaînesous son pied. Les carcans étaient carrés. La septième voiture,vaste fourgon à ridelles, mais sans capote, avait quatre roues et six chevaux,.....
LIVRE QUATRIÈME
SECOURS D'EN BAS PEUT ÊTRE SECOURS D'EN HAUT
Cosette s'arrêta terrifiée. A côté de son ombre, la lune découpait distinctement sur le gazon une autre ombre singulièrement effrayante et terrible, une ombre qui avait un chapeau rond. C'était comme l'ombre d'un homme qui eût été debout sur la lisière du massif à quelques pas en arrière de Cosette.
à une lettre. C'était une enveloppe de papier blanc. Cosette s'en saisit; il n'y avait pas d'adresse d'un
côté, pas de cachet de l'autre. Cependant l'enveloppe, quoique ouverte, n'était point vide.
LIVRE SIXIÈME—LE PETIT GAVROCHE
...deux enfants de taille inégale, assez proprement vêtus, et encore plus petits que lui, paraissant l'un sept ans, l'autre cinq, tournèrent timidementle bec de canne et entrèrent dans la boutique en demandant
on ne saitquoi, la charité peut-être,...
Et les deux enfants le suivirent comme ils auraient suivi un archevêque. Ils avaient cessé
de pleurer.
En même temps, il leur tendait à chacun un morceau de pain.
C'était un éléphant de quarante pieds de haut, construit en charpente et en maçonnerie, portant sur son dos sa tour qui ressemblait à une maison, jadis peint en vert par un badigeonneur quelconque, maintenant peint en noir par le ciel, la pluie et le temps. Dans cet angle désert et découvert de la place, le large front du colosse, sa trompe, ses défenses, sa tour, sa croupe énorme, ses quatre pieds pareils à des colonnes faisaient, la nuit, sur le ciel étoilé, une silhouette surprenante et terrible.
...saisit le petit de cinq ans à bras-le-corps et le planta au beau milieu de l'échelle, puis il se mit à
monter derrière lui en criant à l'aîné: -Je vas le pousser, tu vas le tirer.
Gavroche dérangea un peu les pierres qui assujettissaient le grillage par devant, les deux
pans du treillage qui retombaient l'un sur l'autre s'écartèrent.
—Mômes, à quatre pattes! dit Gavroche. Il fit entrer avec précaution ses hôtes dans la
cage, puis il y entra après eux, en rampant, rapprocha les pierres et referma hermétiquement
l'ouverture.
la sentinelle et où on la trouverait endormie sous le toit percé, regardant avec stupeur, à une profondeur terrible, à la lueur des réverbères, le pavé mouillé et noir, ce pavé désiré et effroyable qui était la mort et qui était la liberté.
inouïs pour atteindre au pain ou à la cruche, la voûte sur la tête, la boue jusqu'à mi-jambe, leurs excréments coulant sur leurs jarrets, écartelés de fatigue, ployant aux hanches et aux genoux, s'accrochant par les mains à la chaîne pour se reposer, ne pouvant dormir que debout, et réveillés à chaque instant par l'étranglement du carcan; quelques-uns ne se réveillaient pas.
Commeil allait saisir ce barreau, une main sortant brusquement de l'ombre s'abattit sur son bras, il se sentit vivement repoussé par le milieu de la poitrine, et une voix enrouée lui dit sans crier:
—Il y a un cab. En même temps il vit une fille pâle debout devant lui.
dans une posture d'abattement, sa fille se risqua à lui dire:
-Mon père, est-ce que vous en voulez toujours autant? Elle s'arrêta, n'osant aller plus loin.
LIVRE NEUVIÈME—OU VONT-ILS?
avec un clou:
venait de s'arrêter sur la crête du talus immédiatement derrière lui. Il allait se retourner, lorsqu'un papier plié en quatre tomba sur ses genoux, comme si une main l'eût lâch au-dessus de sa tête. Il prit le papier, le déplia et y lut ce mot écrit en grosses lettres au crayon: DÉMÉNAGEZ.
LIVRE DIXIÈME—LE 5 JUIN 1832
la Bastille. Il pleuvait de temps en temps; la pluie ne faisait rien à cette foule.
Rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, une vingtaine de jeunes gens, à barbes et à cheveux longs, entraient dans un estaminetet en ressortaient un moment après, portant un drapeau tricolore horizontal couvert d'un crêpe et ayant à leur tête trois hommes armés, l'un d'un sabre, l'autre d'un fusil, le troisième d'une pique.
L'ATOME FRATERNISE AVEC L'OURAGAN
—Mère chose, je vous emprunte votre machin. Et il se sauva avec le pistolet.
son pouce en ouvrant sa main toute grande.
La chiffonnière cria:
-Méchant va-nu-pattes !
clairon. Il chantait :
Voici la lune qui paraît,
Quand irons-nous dans laforêt?
Demandait Charlot à Charlotte.
Tou tou tou
Pour Chatou.
JeD'ai qu'un Dieu, qu'un roi, qu'unliardetqu'unebotte.
LIVRE DOUZIÈME—CORINTHE
le cabaret célèbre appelé Corinthe.
Et ils s'attablèrent.
Le cabaret était vide; il n'y avait qu'eux deux.
Gibelotte, reconnaissant Joly et Laigle, mit
une bouteille de vin sur la table.
—Comment t'appelles-tu? demanda Laigle.
—Navet, l'ami à Gavroche.
—Reste avec nous, dit Laigle.
—Déjeune avec nous, dit Grantaire.
L'enfant répondit :
—Je ne peux pas, je suis du cortège, c'est
moi qui crie à bas Polignac.
grillée du cabaret, dix toises de rue avaient été dépavées; Gavroche et Bahorel avaient saisi au
passage et renversé le haquet d'un fabricant de chaux appelé Anceau, ce haquet contenait trois
barriques pleines de chaux qu'ils avaient placées sous des piles de pavés; ...
au milieu de la salle basse à ce poteau célèbre qui avait jadis donné son nom au cabaret. Gavroche, qui avait assisté à toute la scène et tout approuvé d'un hochement de tête silencieux, s'approcha de Javert et lui dit: - C'est la souris qui a pris le chat.
dans son gousset. Cela fait, il prit par les cheveux Le Cabuc, qui se pelotonnait contre ses genoux en hurlant, et lui appuya surl'oreille le canon de son pistolet. Beaucoup de ces hommes intrépides, qui étaient si tranquillement entrés dans la plus effrayante des aventures.
LIVRE QUATORZIÈME
LES GRANDEURS DU DÉSESPOIR
de la fumée et de l'espèce de brouillard obscur qui emplissait l'enceinte retranchée, pour se glisser le long de la barricade jusqu'à cette cage de pavés où était fixée la torche. En arracher la torche, y mettre le baril de poudre, pousser la pile de pavés sous le baril, qui s'était sur-le-champ défoncé, avec une sorte d'obéissance terrible, tout cela avait été pour Marius le temps de se baisser et de se relever; et maintenant tous, gardes nationaux, gardes municipaux, officiers, soldats, pelotonnés à l'autre extrémité de la barricade, le regardaient avec stupeur le pied sur les.pavés, la torche à la main, son fier visage éclairé par une résolution fatale, penchant la flamme de la torche vers ce monceau redoutable où l'on distinguait le baril de poudre brisé, et poussant ce cri terrif-iant: Allez-vous-en, ou je fais sauter la barricade
—Vous ne me reconnaissez pas?
—Non.
-Éponine.
Marius se baissa vivement. C'était en effet cette malheureuse enfant. Elle était habillée en