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Dienstag, 28. Mai 2024

HECTOR MALOT: EN FAMILLE, ILLUSTRATIONS DE HENRI LANOS, Tome 1

 Henri Lanos à Paris et mort le est un dessinateur, peintre, aquarelliste et illustrateur français. 

Hector Henri Malot (* 20. Mai 1830 in La Bouille; † 18. Juli 1907 in Fontenay-sous-Bois) war ein französischer Schriftsteller.

Ce roman raconte l'histoire de la famille Régis, composée du père, Charles Régis, de sa femme, Marianne, et de leurs enfants, Claire et Pierre. Ils vivent modestement mais heureux dans leur petite maison à Paris. L'intrigue prend un tournant lorsque Charles décide de partir en voyage d'affaires en Inde pour améliorer la situation financière de la famille. Cependant, après son départ, la famille Régis est confrontée à de nombreux défis et difficultés. La mère, Marianne, lutte pour subvenir aux besoins de ses enfants tout en gardant l'espoir du retour de son mari. Pendant ce temps, Claire et Pierre doivent faire face aux épreuves de la vie et grandir seuls sans la présence de leur père. Le roman explore les thèmes de la famille, de l'amour, de la persévérance et de la résilience face à l'adversité.

 


Parmi ces voitures, et assez loin de la barrière, on en voyait une d'aspect bizarre avec quelque chose de misérablement comique, sorte de roulotte de forains mais plus simple encore, formée d'un léger châssis tendu d'une grosse toile; avec un toit en carton bitumé, le tout porté sur quatre roues basses.

 


Elle revint à la tête de l'âne, et comme un mouvement se produisait, elle le retint de façon qu'il restât assez éloigné de la voiture de foin pour ne pas pouvoir l'atteindre.

Tout d'abord il se révolta, et voulut avancer quand même, mais elle lui parla doucement, le flatta, l'embrassa sur le nez; alors il abaissa ses longues oreilles avec une satisfaction manifeste et voulut bien se tenir tranquille.

N'ayant plus à s'occuper de lui, elle put s'amuser à regarder ce qui se passait autour d'elle
 
 

 
 
 
II

La barrière passée, Perrine tourna tout de suite à droite, comme Gras Double lui avait recommandé, conduisant Palikare par la bride. Le boulevard qu'elle suivait longeait le talus des fortifications, et dans l'herbe roussie, poussiéreuse, usée par plaques, des gens étaient couchés qui dormaient sur le dos ou sur le ventre, selon qu'ils étaient plus ou moins aguerris contre le soleil, tandis que d'autres s'étiraient les bras, leur sommeil interrompu, en attendant de le reprendre
 

Sous un appentis, un homme à la barbe broussailleuse était occupé à trier des chiffons qu'il jetait dans des paniers disposés autour de lui.

«N'écrasez pas mes chiens, cria-t-il, approchez.»

Elle fit ce qu'il commandait.

«Qu'est-ce que vous voulez? demanda-t-il lorsqu'elle fut près de lui.

 
 
 
III
 

La nuit de la malade fut mauvaise: plusieurs fois, Perrine couchée prés d'elle, tout habillée sur la planche, avec un fichu roulé qui lui servait d'oreiller, dut se lever pour lui donner de l'eau qu'elle allait chercher au puits afin de l'avoir plus fraîche: elle étouffait et souffrait de la chaleur. Au contraire, à l'aube, le froid du matin, toujours vif sous le climat de Paris, la fit grelotter et Perrine dut l'envelopper dans son fichu, la seule couverture un peu chaude qui leur restât.

 

PERRINE COURUT AU-DEVNT DE LUI


 
 
IV


 
 

Cela lui donna l'idée de recueillir quelques-unes de ces fleurs, des giroflées rouges et violettes, des oeillets, et d'en faire des bouquets qu'elle placerait dans leur chambre d'où ils chasseraient la mauvaise odeur en même temps qu'ils l'égayeraient. Il semblait que ces fleurs n'appartenaient à personne, puisque Palikare pouvait les brouter si le coeur lui en disait; cependant elle n'osa pas en cueillir le plus petit rameau, sans le demander à Grain de Sel.

«Est-ce pour les vendre? répondit celui-ci.

— C'est pour en mettre quelques branches dans notre chambre.

 

 Quelques curieux s'étaient aussitôt arrêtés et faisaient cercle autour d'eux; le premier rang étant comme toujours occupé par des porteurs de dépêches et des pâtissiers; chacun disait son mot et donnait son conseil sur les moyens à employer pour l'obliger à passer la porte.

 

«Il ne sera pas malheureux, je te le promets, dit La Rouquerie.
 
 
 
V
 
 
...puis aussitôt, comme si elle s'était épuisée dans cet effort, elle retomba sur son matelas, à bout, inerte, mais non syncopée cependant, ainsi que le prouvait sa respiration pantelante.
 
 
 
«Voulez-vous me donner une tasse de bouillon pour notre malade?» demanda-t-elle.
 
 


VI
 
L'aumônier des dernières prières venait de se retirer, et Perrine restait devant la fosse,....

«Qu'est-ce que c'est que ça? demanda-t-elle en la faisant sonner sur le marbre du comptoir.

— Vous voyez bien, c'est cinq francs.

— Qu'est-ce qui t'a dit d'essayer de me passer cette pièce?

— Personne; je vous demande une livre de pain pour mon dîner.

— Eh bien tu n'en auras pas de pain, et je t'engage à filer au plus vite si tu ne veux pas que je te fasse arrêter.»

Perrine n'était point en situation de tenir tête:

«Pourquoi m'arrêter? balbutia-t-elle.

— Parce que tu es une voleuse…

— Oh! madame.

— Qui veut me passer une pièce fausse. Vas-tu te sauver, voleuse, vagabonde. Attends un peu que j'appelle un sergent de ville.»

 

 VII
 
Alors, de la route déserte Perrine put voir, dans le crépuscule, la différence qu'offraient les deux champs qui se touchaient, l'un complètement dépouillé de ses fruits, l'autre encore tout chargé de grosses têtes bonnes à couper; sur leur limite se dressait une petite cabane en branchages dans laquelle le paysan avait passé les nuits qu'il regrettait tant à garder sa récolte et du même coup celle de son voisin. Combien heureuse eût-elle été d'avoir une pareille chambra à coucher!
 
 
'
 ...elle entendit toujours les coups secs des serpettes qui coupaient les artichauts...

 
...elle arriva sans accident sur la grande route où elle reprit sa marche à pas pressés; les étoiles qui criblaient le ciel sans nuages avaient pâli, et du côté de l'orient une faible lueur éclairait les profondeurs de la nuit, annonçant l'approche du jour.
 

VIII

C'était un orage qui arrivait, et sans doute il apporterait avec lui la pluie qui ferait des flaques et des ruisseaux où elle pourrait boire tant qu'elle voudrait.
 
 
Un coup plus sec, plus violent que les autres, la cloua au sol couvert de flammes; cette fois le tonnerre ne la poursuivait plus, il l'avait rejointe, il était sur elle; il fallait qu'elle ralentît sa course, car mieux valait encore s'exposer à être inondée que foudroyée.
 
 

...cependant à la lueur d'un coup de foudre elle crut apercevoir, à une courte distance, une cabane à laquelle conduisait un mauvais chemin creusé de profondes ornières, elle se jeta dedans, au hasard.
 
 
 
IX 
 
Le tonnerre ne grondait plus quand elle s'éveilla, mais comme la pluie tombait encore fine, et continue, brouillant tout dans la forêt ruisselante, elle ne pouvait pas songer à se remettre en route; il fallait attendre.
 
 
Une des jeunes filles leva la tête et lui jetant un mauvais regard, elle cria:

«C'te galvaudeuse qui vient de Paris pour prendre l'ouvrage du monde.

— On te dit qu'on n'a besoin de personne,» continua la paysanne.


Alors elle voulut faire un dernier effort, entrer sous bois et y choisir une place où elle se coucherait pour son dernier sommeil, à l'abri des regards curieux. Un chemin de traverse s'ouvrait à une courte distance, elle le prit et, à une cinquantaine de mètres de la route, elle trouva une petite clairière herbée, dont la lisière était fleurie de belles digitales violettes. Elle s'assit à l'ombre d'une cépée de châtaignier, et, s'allongeant, elle posa sa tête sur son bras, comme elle faisait chaque soir pour s'endormir.


X
 

Une sensation chaude sur le visage la réveilla en sursaut, elle ouvrit les yeux, effrayée, et vit vaguement une grosse tête velue penchée sur elle.

Elle voulut se jeter de côté, mais un grand coup de langue appliqué en pleine figure la retint sur le gazon.

Si rapidement que cela se fut passé elle avait eu cependant le temps de se reconnaître: cette grosse tête velue était celle d'un âne; et, au milieu des grands coups de langue qu'il continuait à lui donner sur le visage et sur ses deux mains mises en avant, elle avait pu le regarder.

«Palikare!»

 
Et sans plus, abandonnant la clairière, elle se dirigea vers la route où se trouvait une petite charrette dételée dont les ridelles étaient garnies de peaux de lapin accrochées çà et là; vivement elle ouvrit un coffre d'où elle tira une miche de pain, un morceau de fromage, une bouteille, et rapporta le tout en courant.



«Voilà. Je vas jusqu'à Creil, pas plus loin, en achetant mes marchandises dans les villages et les villes qui se trouvent sur ma route ou à peu près, Chantilly, Senlis; tu viendras avec moi, crie un peu, si tu en as la force: «Peaux de lapin, chiffons, ferraille à vendre».

Perrine fit ce qui lui était demandé.

 

XI 

La Rouquerie ne se fâcha pas de ce refus au point de ne pas arranger avec son ami le coquetier le voyage en voiture jusqu'aux environs d'Amiens, et pendant toute une journée Perrine eut la satisfaction de rouler au trot de deux bons chevaux, couchée dans la paille, sous une bâche au lieu de peiner à pied sur cette longue route, que la comparaison de son bien-être présent avec les fatigues passées lui faisait paraître plus longue encore.
 

À la sortie de la gare, elle avait passé sur le pont d'une écluse, et maintenant elle marchait allègre, à travers de vertes prairies plantées de peupliers et de saules qu'interrompaient de temps en temps des marais, dans lesquels on apercevait à chaque pas des pêcheurs à la ligne penchés sur leur bouchon et entourés d'un attirail qui les faisait reconnaître tout de suite pour des amateurs endimanchés échappés de la ville. Aux marais succédaient des tourbières, et sur l'herbe roussie, s'alignaient des rangées de petits cubes noirs entassés géométriquement et marqués de lettres blanches ou de numéros qui étaient des tas de tourbe disposés pour sécher.

 

Elle prit l'anse du panier d'un côté, Perrine la prit de l'autre et elles se mirent en marche d'un même pas, au milieu du chemin.
 
 
...parce que sa grande récréation le dimanche c'est de lire le Pater dans un livre où il est imprimé en vingt- cinq langues; quand il a fini, il recommence, et puis après il recommence, encore; et toujours comme ça chaque dimanche; c'est tout de même un brave homme.

 
 XII
 
Entre le double rideau de grands arbres qui de chaque côté encadre la route, depuis déjà quelques instants se montraient pour disparaître aussitôt, à droite sur la pente de la colline, un clocher en ardoises, à gauche des grands combles dentelés d'ouvrages en plomb, et un peu plus loin plusieurs hautes cheminées en briques.
 
 

Elles achevaient leur repas quand le roulement d'une voiture légère se fit entendre sur la route, et presque aussitôt ralentit devant la haie.

«On dirait le phaéton de M. Vulfran,» s'écria Rosalie en se levant vivement.

 

Zénobie, sur le seuil, cria: «Rosalie, vas-tu venir, fichue caleuse? 

XIII

 

Elle quitta donc son banc, et s'en alla au hasard, d'un pas de flânerie par les rues qui se présentaient devant elle.

... elle put s'allonger librement sur la mousse, ayant devant elle la vallée et tout le village qui en occupait le centre.

XIV

 
 
En arrivant à la cour de mère Françoise, elle aperçut, à la table où elle l'avait déjà vu, Bendit qui lisait toujours, une chandelle entourée d'un morceau de journal pour protéger, sa flamme, posée devant lui sur la table, autour de laquelle des papillons de nuit et des moustiques voltigeaient, sans qu'il parût en prendre souci, absorbé dans sa lecture.
 
Perrine se hâta de se déshabiller, heureuse d'être seule et de n'avoir pas à subir la curiosité de la chambrée.
 
 
 
Alors se collant la bouche à cette ouverture, elle put respirer, et ce fut dans cette position que le sommeil la prit.
 
 
XV
 
 
...elle aperçut au bord de l'entaille qu'elle dominait une de ces huttes en branchages et en roseaux qu'on appelle dans le pays des aumuches et qui servent l'hiver pour la chasse aux oiseaux de passage. 
 
 
Elle s'allongea sur la fougère, et se tassa dans un coin contre la moelleuse paroi des roseaux en fermant les yeux
 
 
Cependant avant de sortir, elle ramassa un journal posé sur le billot qu'elle n'avait pas aperçu, mais que la pleine lumière qui sortait par la porte ouverte lui montra, et machinalement elle jeta les yeux sur son titre: c'était le Journal d'Amiens du 25 février précédent, et alors elle fit cette réflexion que de la place qu'occupait ce journal sur le seul siège où l'on pouvait s'asseoir, aussi bien que de sa date, il résultait la preuve que depuis le 25 février l'aumuche était abandonnée, et que personne n'avait passé sa porte.
 
 
XVI
 
 
Au moment où sortant de l'oseraie elle arrivait dans le chemin, un gros sifflet fit entendre sa voix rauque et puissante au-dessus de l'usine, et presque aussitôt d'autres sifflets lui répondirent à des distances plus ou moins éloignées, par des coups également rythmés.
 
 
À ce moment un brouhaha se produisit à la grille et les ouvriers s'écartèrent avec empressement, laissant le passage libre au phaéton de M. Vulfran, conduit par le même jeune homme que la veille: bien que tout le monde sût qu'il ne pouvait pas voir, toutes les têtes d'hommes se découvrirent devant, lui, tandis que les femmes saluaient d'une courte révérence.


 

«Monsieur Vulfran, je vous présente mon respect, dit-il le chapeau à la main.

— Bonjour, Talouel.»

 

XVII


Se baisser, se relever pour charger et décharger le wagonet, lui donner un coup d'épaule pour le démarrer, un coup de reins pour le retenir, le pousser, l'arrêter, qui n'était qu'un jeu en commençant, répété, continué sans relâche, devenait un travail, et avec les heures, les dernières surtout, une lassitude qu'elle n'avait jamais connue, même dans ses plus dures journées de marche, avait pesé sur elle.
 
...lorsque tout à coup elle vit Rosalie, qui rattachait un fil, tomber à côté de sa voisine: un grand cri éclata, en même temps tout s'arrêta; et au tapage des machines, aux ronflements, aux vibrations, aux trépidations du sol, des murs et du vitrage succéda un silence de mort, coupé d'une plainte enfantine:

«Oh! la! la!



XVIII

Mais en ce moment des ouvriers qui demeuraient aux environs de Maraucourt suivaient ce chemin pour rentrer chez eux, et comme elle ne voulait point, qu'ils la vissent se glisser dans le sentier de l'oseraie, elle alla s'asseoir dans le taillis qui dominait la prairie; quand elle serait seule, elle gagnerait l'aumuche, et la bien tranquille, la porte ouverte sur l'étang, en face du soleil couchant, assurée que personne ne viendrait la déranger, elle souperait sans se presser, ce qui serait autrement agréable que d'avaler les morceaux en marchant, comme elle avait fait pour son déjeuner.
 
L'espace était si étroit qu'elle eut vite achevé son nettoyage, si consciencieusement qu'elle le fit, et elle n'eut plus qu'à rentrer le billot ainsi que la vieille fougère en la recouvrant de la sienne qui gardait encore la chaleur du soleil, avec le parfum des herbes fleuries au milieu desquelles elle avait poussé.
 
 
 

XIX


Elle restait devant le fossé, se demandant si elle pourrait le franchir d'un bond, quand elle aperçut une longue branche qui étayait l'aumuche du coté où les saules manquaient, et la prenant, elle s'en servit pour sauter le fossé à la perche, ce qui pour elle, habituée à cet exercice qu'elle avait pratiqué bien souvent, fut un jeu. Peut-être était- ce là une façon peu noble de sortir de son royaume, mais comme personne ne l'avait vue, au fond cela importait peu; d'ailleurs les jeunes reines doivent pouvoir se permettre des choses qui sont interdites aux vieilles.
 
...suivant la rive, elle arriva à la touffe de roseaux, où elle vit qu'elle n'avait qu'à prendre à brassée parmi les meilleures tiges, c'est-à-dire celles qui, déjà desséchées, étaient cependant flexibles encore et résistantes.
 
...et le samedi matin elle eut la satisfaction de partir chaussée de belles espadrilles grises qu'un ruban bleu croisé sur ses bas retenait bien à la jambe.

 
XX
 

Mais maintenant elle pouvait franchir ce seuil si elle voulait, puisque trois pièces blanches sonnaient dans sa main, et, très émue, elle le franchit.
 
 
La marchande avait pris la pièce du calicot à quarante centimes, et Perrine remarqua qu'il n'était ni blanc, ni lustré comme celui qu'elle avait admiré dans la montre.
 
 
De peur d'inquiéter la mère, elle alla se placer à une certaine distance, et resta là immobile. Cachée dans les hautes herbes où elle avait disparu en s'asseyant, elle attendit pour voir si la sarcelle reviendrait à son nid;

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