Georges Gustave Léon Dupuis dit Géo Dupuis, né le au Havre et mort le est un artiste peintre, illustrateur et graveur français.
Il est surtout connu en tant qu'illustrateur, avec son trait puissant et expressif, ses gravures sur bois d'un style assez novateur pour l'époque. Il collabora avec de nombreuses maisons d'édition pour des œuvres de Balzac, Maurice Barrès, Arthur Conan Doyle, Émile Zola, Camille Lemonnier, etc., tant sur des formats populaires que sur du demi-luxe. (Wikipedia)
Eine deutsche Übersetzung von Lemonniers Un Mâle erschien erst 1971 mit dem Titel Irrweg einer Liebe. Ich ziehe allerdings den französischen Titel Un Mâle, der soviel bedeutet wie Ein Mann. dem deutschen, etwas reisserischen vor.
Le bûcheron Hornu et sa femme
Elle rentrait, son fils sur le dos, dans la maison d'où elle était sortie le matin, son mari sur les épaules.
Il la regardait d'en haut, plongeant ses yeux dans les siens, les laissant descendre ensuite dans son cou. Elle fit un mouvement pour se dégager et vit qu'elle était tenue. Si c'était cela qu'il appelait être amis, ah bien non ! elle ne voulait pas, et elle lui cria de la laisser. Il lui reparla de son caractère, de l'argent qu'il gagnait, de sa vie dans le bois, et elle l'écoutait, les yeux vagues.
Il s'allongea, se mit à l'aise. Le marchand lui compta l’argent, écu par écu.
Puis on entra dans la chambre du rez-de-chaussée, où les Champigny recevaient leur monde. Il y avait une belle toile cirée sur la table, et sur la toile une énorme tarte au riz, avec une croûte couleur safran. La fermière plongea son couteau dans la tarte, en fit des quartiers, et chacun tira le morceau qui lui convenait le mieux. Une grosse fille de ferme entra alors, en disant : « Bonjour, tout le monde », la face largement fendue d'un rire, et mit sur la table une cafetière du bec de laquelle s'échappait une fumée brune, odorant la chicorée. — Encore une tasse ! Encore un morceau de tarte !
Les couples tournoyaient. Chaque fois qu'ils passaient dans le rais de soleil, une lueur jaune illuminait les visages, enveloppait les vestes et les robes qui ensuite s'obscurcissaient dans la pénombre. Des sourires, immobiles crevaient la face béate des filles. Les garçons, sérieux, les yeux baissés, semblaient 'se livrer à un devoir de profession. Quelques-uns, demi-gris, cramponnés à leurs danseuses et les entourant de toute la largeur de leurs bras, mettaient leur gloire à sauter très haut en frappant fortement leurs pieds à terre.
Il se balança alors devant elle, souriant et lui disant : — Si tu voulais, nous serions une bonne paire d'amis, tout de même. Elle l'écoutait sans rien dire, les sourcils écarqués, gagnée par des songeries mauvaises.
Ils s'assirent sous un des hêtres, lui allongé près d'elle, sa tête dans lespoings, et la regardant. Elle glissa la main dans ses cheveux.
C'était une vache en train de vêler. Les maux la faisaient meugler, tantôt debout, tantôt couchée, et les autres vaches la regardaient de leurs yeux ronds, le mufle tendu, inquiètes. La vachère était auprès d'elle et l'aidait, lui passant les mains sur le ventre de chaque côté et pressant le veau vers le bas, vigoureusement. Les douleurs de la gésine grandissant, la bête geignait sourde et râlante. Ses lamentations s'entendaient à présent de loin, et il y avait dans ces lamentations de la douleur et de l'épouvante. Elle aussi avait connu le puissant amour du taureau, et bouleversée, Germaine pensa à l'enfantement. Devant elle, la nature invulnérable dormait dans l'immobilité de la nuit. Une paix immense flottait sous le bleuissement de la lune. Et par larges bouffées, le chèvrefeuille l'enveloppait de ses odeurs.
Et il se lamentait, ne pouvant se résigner à la séparation. Il prenait sa tête à deux mains, avec désespoir, et suppliait Germaine de rester encore. Ou bien, il l'emprisonnait dans ses bras, ...
Il l'emportait comme un trésor et comme une proie. Une torpeur l'avait prise, elle se laissait entraîner. Ils s'enfoncèrent dans le bois.
C'était devenu une habitude de lui donner. Elle se béquillait sur un bâton, courbée, geignant, traînant la jambe, très proprement vêtue toujours, avec des biglements d'yeux qui amusaient. On ne savait pas au juste si elle était pauvre vraiment, mais on donnait;
— Nom de Dieu ! j' suis qu'un coïon, cria-t-il. Elle se pendit, lui enfonçant dans la poitrine les pointes de sa gorge. Il se débattait. — T'es une enjôleuse. On s' quittera !
— Là, dit-il, j' la prends pour six cent vingt-cinq. Et il rentra.
Ils regardaient les coquillages, l'écran, la glace, leurs mains posées sur leurs genoux, sans rien dire.
Tout à coup, derrière eux, une forme noire se détacha du taillis et, debout sur le bord de la chaussée, un homme regarda dans la nuit.
Petit à petit, une détermination froide pénétra dans son esprit ; il s'arrêta devant elle, et, d'unevoix lente, lui dit : — Ce qui est fait est fait, Germaine. Y a pas à revenir dessus. L'homme était sur son cheval. J' l'ai mis à bas, j' l'ai roulé. J' l'aurais vidé de son sang.
— Lis ça, tiens. C'est Hayot qui m'écrit. Y m'dit tout et que t'es mon déshonneur, le déshonneur de ma maison. A présent, lui et moi, nous sommes ennemis pour la vie et nos fils sont les ennemis de ses fils, et y aura p't-être pis encore. Mille Dieu! Tout ça, parce que t'as manqué à ton devoir, à ton honneur. Va-t'en! T'es pas de not' sang, j' te dis. Une fille à moi, qu' j'aurais eue de mon lit avec ta mère, n'm'aurait pas fait ce chagrin. C'est fini de toi! Va-t'en, j' le dis encore une fois I Y a plus de place sous mon toit pour une coureuse ! Demande à c't homme de te prendre sous le sien', fille de rien qu'as trahi ton père.
Puis, se redressant, déchiré, en lambeaux, la face boueuse et sanglante, il sauta par dessus Bayonnet et Bastogne, bondit dans le bois.
En ce moment, l'être que le Mâle avait mis dans ses entrailles tressaillit, et, prise d'une désespérance, elle songea à ce soir où les lamentations de la vache en gésine avaient rempli l’étable et les cours, s'élargissant par-dessus la sérénité des campagnes, à travers les houles de l'ombre.
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