Gustave Brion est né à Rothau (Bas-Rhin). Il est le petit-neveu de Frédérique Brion avec qui Goethe noua une brève idylle lors de son séjour dans la région.
À Strasbourg, Gustave Brion est élève du sculpteur André Friederich et du peintre Gabriel-Christophe Guérin. Installé à Paris, il intègre l'atelier de Charles Gleyre. Il fonde un atelier au 70-70 bis, rue Notre-Dame-des-Champs, l'endroit ayant le surnom de « Boîte à thé ». Il est l'un des maîtres d'Hippolyte Pradelles.
Il débute au Salon de 1847 à Paris et y expose régulièrement les années suivantes. Sa production est remarquée à plusieurs reprises : il reçoit une médaille de 2e classe au Salon de 1853, une médaille de 1re classe au Salon de 1863, et une médaille de 2e classe à l'Exposition universelle de 1867. Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1863.
Peintre régionaliste, il produit notamment des scènes de genre alsaciennes. Il illustre également Les Misérables de Victor Hugo.
UN JUSTE
Il y avait bien encore dans l'alcôve fermée une chaise, mais elle était à demi dépaillée et ne portait que sur trois pieds, ce qui faisait qu'elle ne pouvait servir qu'appuyée contre le mur. Mademoiselle Baptistine avait bien aussi dans sa chambre une très grande bergère en bois jadis doré et revêtue de pékin à fleurs, mais on avait été obligé de monter cette bergère au premier par la fenêtre, l'escalier étant trop étroit; elle ne pouvait donc pas compter parmi les en-cas du mobilier.
Il traversa la montagne à mulet, ne rencontra personne et arriva sain et sauf chez ses « bons amis » les bergers. Il y resta quinze jours, prêchant, administrant, enseignant,moralisant.
Depuis bien des années déjà, avec mes cheveux blancs, je sens que beaucoup de gens se croient sur moi le droit de mépris; j'ai pour la pauvre foule ignorante visage de damné, et j'accepte, ne haïssant personne, l'isolement de la haine. Maintenant j'ai quatre-vingt-six ans; je vais mourir. Qu'est-ce que vous venez me demander?
—Votre bénédiction, dit l'évêque. Et il s'agenouilla.
LA CHUTE
— Dîne-t-on bientôt? dit l'homme.
— Tout à l'heure, dit l'hôte
aux pieds, et tout à coup il s'écria avec une sorte de frémissement:
— Est-ce que vous seriez l'homme?.
Il jeta un nouveau coup d'oeil sur l'étranger, fit trois pas en arrière, posa la lampe sur la
table et décrocha son fusil du mur.
C'était la niche d'un chien. Il était lui-même vigoureux et redoutable; il s'arma de son bâton, il se fit de son sacun bouclier, et sortit de la niche comme il put, non sans élargir les déchirures de ses haillons.
Il arriva à temps pour voir un bras passé à travers un trou fait d'un coup de poing dans la grille et dans la vitre. Le bras saisit un pain et l'emporta. Isabeau sortit en hâte; le voleur s'enfuyait à toutes jambes;
Isabeau courut après lui et l'arrêta.
Qu'importe! le navire ne s'arrête pas. Le vent souille, ce sombre navire-là a une route
qu'il est forcé de continuer. Il passe.
— Ah! c'est encore toi! dit Jean Valjean, et se dressant brusquementtout debout, le pied toujours sur la pièce d'argent, il ajouta: —Veux-tu bien te sauver! L'enfant effaré le regarda, puis commença à trembler de la tête aux pieds, et, après quelques secondes de stupeur, se mit à s'enfuir en courant de toutes ses forces sans oser tourner.
L'Année 1817
Fantine était belle, sans trop le savoir. Les rares songeurs, prêtres mystérieux du beau, qui confrontent silencieusement toute chose à la perfection, eussent entrevu en cette petite ouvrière, à travers la transparence de la grâce parisienne, l'antique euphonie sacrée. Cette fille de l'ombre avait de la race. Elle était belle sous les deux espèces, qui sont le style et le rhythme. Le style est la forme de l'idéal; le rhythme en est le mouvement. Nous avons dit que Fantine était la joie;Et, dans cette communauté de paradis, parlant, chantant, courant, dansant, chassant aux
papillons, cueillant des liserons, mouillant leur bas à jour roses dans les hautes herbes,
fraîches, fulles, point méchantes, toutes recevaient un peu cà et là les baisers de tous, excepté
Fantine enfermée dans sa vague résistancerêveuse et farouche, et qui aimait.
Toulouse est cousine de Tolosa, chantait, sur une mélopée mélancolique, la vieille chanson gallega probablementinspirée par quelquebelle fille lancée à toute volée sur une corde entre deux arbres:
Soy de Badajoz.
Amor me llama.
Toda mi alma,
Es en'mi ojos,
Porque ensenas
A tus piernas.
Fantine seule
CONFIER C'EST QUELQUEFOIS LIVRER
Le centre de la chaîne pendait sous l'essieu assez près de terre, et sur la courbure,comme sur la corde d'une balançoire, étaient assises et groupées, ce soir-là, dans un entrelacement exquis, deux petites filles, l'une d'environ deux ans et demi, l'autre de dix-huit mois, la plus petite dans les bras de la plus grande. Un mouchoir savamment noué les empêchait de tomber. Une mère avait vu cette effroyable chaîneet avait dit: Tiens! voilà un joujou pour mes enfants.
Disons-en un mot dès à présent. Nous compléterons le croquis plus tard.
porter même des fardeaux.
LA DESCENTE
Le lendemain matin, comme Marguerite entrait dans la chambre de Fantine avant le jour, car elles travaillaient toujours ensemble et de cette façon n'allumaient qu'une chandelle pour deux, elle trouva Fantine assise sur son lit, pâle, glacée. Elle ne s'était pas couchée. Son bonnet était tombé sur ses genoux. La chandelle avait brûlé toute la nuit et était presque entièrement consumée. Marguerite s'arrêta sur le seuil, pétrifiée de cet énorme désordre, et s'écria: — Seigneur! la chandelle qui est toute brûlée!
—Six mois! six mois de prison! cria-t-elle. Six mois à gagner sept sous par jour! mais que deviendra Cosette? ma fille! ma fille! Mais je dois encore plus de cent francs aux Thénardier, monsieur l'inspecteur, savez-vous cela? Elle se traîna sur la dalle mouillée par les bottes boueuses de tous ces hommes, sans se lever, joignant les mains, faisant de grands pas avec ses genoux.
« Nous vîmes un homme qui passa près de
« nous. C'était un homme tout nu couleur de
« cendre monté sur un cheval couleur de terre.
« L'homme n'avait pas de cheveux; on voyait
« son crâne et des veines sur son crâne. Il
« tenait à la main une baguette qui était souple
« comme un sarmentdevigne et lourde comme
« du fer. Ce cavalier passa et ne nous dit rien.
« Mon frère me dit:-Prenons par le chemin creux.
« Il y avait un chemin creux où l'on ne voyait pas une broussaille ni un brin de mousse.
— Son client, qu'en sa qualité de défenseur, il persistait à appeler Champmathieu,
n'avait été vu de personne escaladant le mur ou cassant la branche.
— Messieurs les jurés, faites relâcher l'accusé. Monsieur le président, faites - moi arrêter. L'homme que vous cherchez, ce n'est pas lui, c'est moi. Je suis Jean Valjean.
Jean Valjean, sa barre de fer au poing, marcha lentement vers le lit de Fantine. Quand il
y fut parvenu, il se retourna et dit à Javert d'une voix qu'on entendait à peine :
—Je ne vous conseille pas de me déranger en ce moment.
—En prison, dit-il. J'y étais, j'ai brisé un barreau d'une fenêtre, je me suis laissé tomber
du haut d'un toit, et me voici. Je monte à ma chambre, allez me chercher la sœur Simplice.
soir une personne, un homme, il s'est évadé, nous le cherchons, —ce nommé Jean Valjean, vous ne l'avez pas vu? La sœur répondit : — Non.
Nous avons tous une mère, la terre. On rendit Fantine à cette mère.
Le curé crut bien faire, et fit bien peut-être, en réservant, sur ce que Jean Valjean avait
laissé, le plus d'argent possible aux pauvres.
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